“JUPITER” ET “ANTIOPE” - LA VÉNUS DU PARDO Poème visuel d’une intensité farouche
1520/1552 Musée du Louvre 3,85 m × 1,96 m
Cette toile de Titien n’aurait à l’origine représenté que le corps allongé d’une femme nue dans un paysage, il lui consacra cependant plus de trente ans d’apports et de changements successifs pour que s’épanouisse pleinement ce qui devait devenir l’une des œuvres les plus attachantes, mystérieuses et sensuelles que la peinture ait produite en son temps.
Que son aspect supposé initial comme ses étapes successives, mis en évidence par le centre de recherche et de restauration des musées de France, soient d’un intérêt certain, ne doit pas distraire plus que de rigueur de ce qu’offre au regard son état définitif (d’aujourd’hui) ni de ce en quoi il atteint par la forme, le coloris, le mouvement et la spatialité, ce sublime moment de méditation, de savant équilibre fugace et hétérogène, qui au travers des âges et d’une restauration il est certain, toute miraculeuse, nous parvient à présent.
À de légers effets de distorsion, à des changement d’échelle assumés pour certains personnages s’ajoute la saveur de factures plus tardives comme celle de Cupidon ou de l’homme (étonnamment cézannien et tout de vibration - sonore ?) qui souffle dans un cor et dont les proportions ne se rapportent pas à celles des autres acteurs en situation.
Distorsions... transitions... résonances... ruptures de style, à regarder la toile longuement, on se convainc pour le moins — à la faveur d’effets induits qui semblent défier la subjectivité — du sentiment puissant de la respiration visuelle de l’ensemble...
Tout est intensité, subtilité des tons, échos, transitions et relations d’échelle, dans cette toile qui offre par sa plastique un ensemble de tensions et de parcours dont la conscience progressive que l’on en acquiert, rend peu à peu captif, sous la coupe irrépressible de son haut degré d’hypnotisme pictural.
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