PORTRAITS DE MAERTEN SOOLMANS ET DE OOPJEN COPPIT
1634 Rijksmuseum Amsterdam et Musée du Louvre 2,09 m × 1,35 m
Ces deux portraits ne sont pas de même nature picturale, on ne passe pas visuellement de l’un dans l’autre comme s’ils étaient d’une continuité scindée pour en faire deux tableaux. Leur mise en œuvre diffère.
Il se dégage du portrait d’Oopjen Coppit une mise en espace qui ne tient pas comme dans le portrait de Mærten Soolmans au travail maîtrisé de la profondeur autour d’une forme somptueusement ornée mais à une subtile intégration entre fond et forme d’où semble naître et se diriger vers nous, une inépuisable lumière qui dans le même temps rend cette présence proche et lointaine, donnant à la succession des motifs une inscription spatiale qui émerveille le regard. Oopjen Coppit tire légèrement sur le tissu de sa robe. Ce geste de la main, premier relai du regard envers sa posture, provoque — en arrière-plan des doigts — un ensemble de plissés en forme de flèche ascendante mais également un soulèvement de tulle aux ombres de piqués projetés incroyablement rendues, soulèvement “colonne” tenant lieu de jambe (aérienne) unique à cette robe qui les masque toutes deux. À la faveur de l’éclairage les broderies apparaissent en lumière sur le ventre et sur la manche démultipliant les verticales vers ces deux points d’orgue que constituent le visage clair sur fond sombre et l’éventail noir sur fond clair de ce modèle par là rendu bicéphale. Le déploiement des motifs et de la gestuelle est à sa plénitude sur ce fond de rideau lumineux dont les plis dessinent la forme inversée des contours de la robe comme si les uns s’enchâssaient dans les autres. Là est le point qui lie le fond et la forme donnant naissance à l’espace de la toile. La superposition des collerettes dans leur profondeur est un pur enchantement, le rendu du teint est à peine imaginable.
Comments